Nombre d’entreprises ont un raisonnement biaisé sur la complexité de l’informatique et partent de l’idée que les non-informaticiens de toute façon ne peuvent pas comprendre les enjeux des projets IT – vu la complexité de ceux-ci. Une hypothèse qui compte parmi les nombreux facteurs anti-modernisation résultant d’un écosystème IT trop fragmenté. Cependant, au lieu de voir la complexité comme un risque commercial diffus, il est préférable de le voir comme une constante maîtrisable et indispensable au bon développement d’une entreprise.
Voici un état des lieux formulant 7 constats pour une réflexion de modernisation plus approfonie :
1: FRAGMENTATION FONCTIONNELLE
Dans l’informatique, les tâches sont très diversifiées. De nombreuses fonctions doivent être prises en charge. De la mise en place et la maintenance d’une infrastructure au support des processus commerciaux, en passant par les questions de choix technologique. Et ce, au niveau de toute l’entreprise. Ce phénomène de fragmentation fonctionnelle comprend également les actions demandées au service IT de manière non-officielle, ce qu’on pourrait appeler les tickets « over the desk » qui s’ajoutent à la charge de travail déjà importante des collaborateurs informatiques.
2: FRAGMENTATION TEMPORELLE
Les services IT font face à de très nombreuses requêtes, plus ou moins urgentes. Certaines tâches peuvent être traitées en parallèle des opérations déjà en cours, telles que l’introduction d’un nouvel outil. D’autres plus importantes comme par exemple la création d’une interface entre un entrepôt et les systèmes de production nécessitent souvent d’interrompre le travail en cours. Cette logique de fragmentation a pour inconvénient que les personnels IT doivent souvent s’arrêter, se réorienter et recommencer. En d’autres termes, consacrer un temps supplémentaire pour s’organiser au lieu de travailler.
3: FRAGMENTATION SYSTÉMIQUE
L’écosystème informatique d’une entreprise comprend souvent des systèmes, hérités d’une stratégie passée, et d’autres, intégrés plus récemment pour répondre à de nouveaux besoins. Mélange également des logiciels spécifiques et généralistes. Certains très utilisés d’autres seulement conservés en raison des données importants qu’ils renferment. Cet écosystème fragmenté également appelé « Brown Field » souffre par ailleurs du fait que tous ses systèmes utilisent un langage et une interface propres. Heureux qui, dans ce contexte heteroclite peut compter sur une documentation complète et toujours actualisée.
4: FRAGMENTATION DES INTERFACES
Pour assurer l’interaction entre ces différents systèmes du « Brown Field », les interfaces mises en place ne suivent pas toujours une procédure cohérente et ont parfois été créées par des collaborateurs ou prestataires ayant quitté la société. Résultat: Elles ne fonctionnent pas de manière uniforme. On peut par exemple imaginer qu’un même système de gestion des stocks communique avec une solution e-commerce via des fichiers FTP, avec l’ERP, en revanche, en AS400 et qu’il déclenche un service web vers le SGM. Cette hétérogénéité rend la communication complexe et engendre des erreurs et donc, des coûts facilement évitables.
5: FRAGMENTATION ORGANISATIONNELLE
En raison du caractère de leurs missions, les équipes IT en charge de numériser les processus interviennent dans différents départements. Et nécessitent l’investissement pédagogique de ces différents départements pour leur transmettre les connaissances processus et systèmes métiers. En effet, si l’informaticien n’a pas une compréhension approfonie des réalités process, tout développement numérique aussi sophistiqué soit-il est voué à l’échec.
6: FRAGMENTATION DES PROCESSUS
La fragmentation organisationnelle implique aussi une fragmentation des processus. À l’hétérogénéité des langages et des systèmes, s’ajoute la multiplication de processus différents. Il est évident qu’un logisticien a d’autres préoccupations et méthodes d’analyse qu’un planificateur de production ou encore un manager commercial. Cette fragmentation des processus se retrouve également au sein d’un même service. Par exemple, le processus d’approvisionnement d’une ressource différera pour une autre ressource.
7: FRAGMENTATION HOMME/SYSTÈME
Actuellement, la numérisation des processus existe rarement de bout-en-bout. On retrouve très souvent une rupture car à un certain moment une intervention humaine s’impose impérativement. Cette rupture intervient principalement lors de prises de décision importantes. Même encore aujourd’hui il est possible qu’un collaborateur doive manuellement saisir des données papier sur son ordinateur – l’interface homme-machine reste donc primordiale.